Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cette nuit, à nouveau, je suis retourné à mes fondamentaux.

Insomnie stoïque et muette me faisant fuir l'intérieur devenu trop étroit pour me contenir, aussi spacieux soit-il.

Timides retrouvailles avec les cieux nocturnes, comme une vieille amie que je saluai quelque peu benêt - m'excusant presque du manque de mes classiques absences introspectives.

Mais nous nous sommes vite recouvrés, mon Ciel et moi. 

3h30 du matin passé, avachi dans ma chaise d'extérieur, touchant du bois pour la suite à venir, la nuque aplatie contre le haut du dossier, offrant mon visage tout entier pour une contemplation réciproque entre mes songes et mon éveil narcoleptique.

Et quelle joie d'observer le ciel me partager son émoi, déversant sa pluie d'étoiles filantes - larmes stellaires s'injectant dans mes pupilles dilatées par l'herbe et la mélancolie, créant alors la mer miniature que j'écume d'un battement de cil.

Et comment ne pas parler de regard, quand, constamment, je vois ses yeux. Même les paupières closes, je les vois - peut-être plus encore.

Ma Lune, si je me suis si peu entretenu avec toi ces derniers temps c'est parce que j'ai trouvé un ciel ici-bas, sur Terre, capturé en deux orbites océaniques.

Je tente de ne plus perdre pieds désormais, on a trop bien vu ce que cela a donné. Cette fois, de plus, je suis prévenu. Mais toi, tu me connais bien. Tu sais que c'est plus fort que moi. Tu sais que je ne contrôle pas les tensions de mes artères lorsqu'elles sont soumises à la pression d'une voix capable de modifier ma gravité.

Ne plus avoir pieds. Cela faisait terriblement longtemps.

Je commence à croire qu'astronaute et skateur sont deux disciplines similaires, en cela que l'on perd en pratique si l'on ne s'est exercé depuis un moment. A la différence qu'un astronaute qui se rate peut perdre pieds à jamais et voguer en orbite indéfiniment.

J'aimerai tout prendre à la légère, lâcher du lest sur ce qui a trait au coeur et aux vertiges, mais je suis trop passionné par la vie, et j'aime beaucoup trop ressentir le rare - et c'est bien de rareté dont il s'agit.

On me dit "artiste", parfois de bon coeur, parfois pour se moquer. Je crois, plus le temps passe, que ce terme ne convient pas.

Je ne suis qu'un humain fasciné par l'invisible, par le silence - car c'est en lui que résident les plus belles déclarations. Fasciné par l'âme, fasciné par l'oscillation de l'éthique, des valeurs, des pulsions primaires et de leur bras de fer avec cette recherche d'affranchissement permanent chez les êtres les plus éveillés.

Elle, je ne m'obstine pas à y penser. J'y pense, puis je l'accepte. C'est différent. Et plus fort, évidemment. J'ai l'impression d'être ce prisonnier qui s'évade d'une cellule vide pour s'enchaîner dans une autre, où elle se trouve.

Est-ce l'éternel cycle de la passion ? Peter Pan courant après son ombre pour mieux s'en chausser et s'en vêtir. Devenir un être complet. Cela peut-il vraiment exister si l'ombre est l'Autre? Est-ce la source de la Lumière ? ..........

"Heureux", c'est un concept un peu fort et prétentieux à atteindre. Je voudrais simplement être cet homme capable de dire: "Je suis là. Vraiment. Si tu veux être là, alors il y aura tout, et il y aura nous." Mais il faut savoir se taire si parler implique que tout s'arrête. Car le Ciel n'est pas forcément en phase avec un demi poète qui n'a de terre à terre que son ancrage au sol. Le ciel vogue, vague, se transforme, se déplace, vit jours et nuits. Le Ciel est libre.

Pour cette fois, Peter va rester au sol, progresser de son côté, tenter de retenir son souffle malgré l'Appel non prononcé par le Ciel, tenter de rester l'Enfant Perdu qui se trouve enfin en tant qu'adulte, mais lorgnant toujours ce Ciel, à la recherche du moindre signe qui les pourrait se lier.

"Peter, mon pauvre garçon" comme le disait Loisel. Dans son oeuvre, Peter oublie le temps qui passe et ceux qui l'ont rencontré, coincé pour toujours dans l'enfance et l'insouciance. Dans mon oeuvre, j'ai peur d'être oublié tandis que je me souviens de tous et de tout.

Mais je ne suis plus seul dans les instants présents, et c'est une consolation qui me permet de garder mes maux pour mes prières - même si ce n'est pas à la Sainte que je les adresse véritablement.

Bonne nuit, Pays Imaginaire. Bonne nuit, réalité (extra)ordinaire.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :